Décryptage de cette étude par Thomas Guénolé, politologue à Sciences-Po.
Article publié dans le +NouvelObs. sous la qualification « EXPERT »
http://leplus.nouvelobs.com/contribution/778451-banalisation-du-front-national-la-france-ne-se-droitise-pas-elle-se-frontise.html
LE PLUS. L’adhésion aux idées du Front national (FN) progresse. C’est ce qui ressort du baromètre annuel de TNS-Sofres, rendu public mercredi 6 février. Selon ce sondage, 32% de Français se disent « tout à fait » ou « assez » d’accord avec les idées du parti de Marine Le Pen. Décryptage de cette étude par Thomas Guénolé, politologue à Sciences-Po.
Édité par Sébastien Billard Auteur parrainé par Mélissa Bounoua
Marine Le Pen entourée de journalistes à Paris, le 18 décembre 2012 (REVELLI-BEAUMONT/SIPA).
Le baromètre d’image 2013 du Front national réalisé par l’institut de sondages TNS-Sofres a été abondamment repris par les médias. Deux types de données ont été systématiquement mis en avant : d’une part les 51% de Français considérant que le FN est un parti comme les autres ; d’autre part le taux d’acceptation d’accords électoraux entre la droite et l’extrême droite.
Ce ne sont pourtant pas les informations les plus intéressantes de cette enquête.
Une adhésion croissante aux idées du FN sur l’immigration
En réalité, les résultats les plus spectaculaires concernent le taux d’adhésion aux thèses du FN en matière de rejet de l’immigration et, par amalgame, de l’islam.
- « On ne défend pas assez les valeurs traditionnelles en France » : 72% des Français, 59% des sympathisants de gauche et 86% des sympathisants de droite sont d’accord.
- « On accorde trop de droits à l’islam et aux musulmans en France » : 54% des Français, 37% des sympathisants de gauche et 77% des sympathisants de droite sont d’accord.
- « On ne se sent plus vraiment chez soi en France » : 54% des Français, 25% des sympathisants de gauche et 61% des sympathisants de droite sont d’accord.
De fait, un terme dans le débat public crée un immense malentendu : droitisation. Ce néologisme est apparu durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy pour faire référence, entre autres faits marquants, à la création du ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale, au discours présidentiel de Grenoble faisant le lien entre immigration et criminalité, à la circulaire Guéant faisant le lien entre immigration et chômage, et à l’engagement de campagne électorale en 2012 de revenir sur la libre circulation aux frontières née des accords de Schengen.
Ce néologisme crée la confusion car il induit que plus vous vous rapprochez des thèses du FN, plus vous êtes de droite, la position la plus poussée vous conduisant ainsi à l’extrême droite. Or c’est objectivement faux.
La droitisation, un non-sens politique
La droite contemporaine repose sur six fondamentaux auxquels adhèrent ses électeurs : le rejet viscéral de la gauche, le mérite individuel contre l’assistanat, le secteur privé performant contre le secteur public inefficace, le souhait de baisser les impôts, un conservatisme moral, l’hostilité à l’immigration.
Sur cette base, quatre familles insistent chacune sur une partie de ces fondamentaux : la droite libérale, la droite néogaulliste, la droite morale et la droite sécuritaire. Logiquement, évoquer une droitisation est donc un non-sens, puisque immédiatement, on objectera qu’il faut préciser de quelle droite on parle.
En d’autres termes, droitisation est un néologisme aussi flou qu’inopérant. En réalité, qu’il s’agisse des chiffres précités de l’enquête de TNS-Sofres ou des positions précitées prises par la droite durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy, ce que l’on observe ici, c’est l’incorporation totale ou partielle des diagnostics du FN, voire de ses préconisations, par l’électorat français et par les états-majors des partis de gouvernement, gauche et droite confondues. Il ne s’agit donc pas d’une droitisation mais bien d’une frontisation.
À la compétition électorale s’ajoute une bataille des idées qui surdétermine pour partie son issue. Cette frontisation est à cet égard, de la part de la droite comme de la gauche, une capitulation en rase campagne.
La défaite du rationalisme
À gauche, il y a eu notamment abandon de la grille de lecture sociale des questions d’immigration. Par exemple, plus aucun responsable socialiste, sous peine de se voir taxer d’angélisme, n’ose affirmer que la surproportion d’immigrés dans la délinquance et la criminalité est une conséquence logique de la surproportion d’immigrés touchés par la pauvreté et par le chômage.
À droite, il y a eu incorporation complète, non seulement des diagnostics, mais également des préconisations du FN sur les questions d’immigration. Qu’il s’agisse de l’amalgame entre immigration et criminalité, entre immigration et chômage, ou entre immigration et islam, il n’y a de fait plus de différences significatives aujourd’hui entre les discours publics de la droite et de l’extrême droite sur ces sujets.
Dans ce contexte, sans aucun parti de gouvernement pour lui porter la contradiction au cœur même de son argumentaire et de son référentiel idéologique, il est parfaitement logique qu’une proportion croissante de Français considère le FN comme un parti normal, voire adhère à ses thèses.
Or lorsque tel ou tel tribun raconte objectivement n’importe quoi, et que nul ne lui apporte la contradiction par une argumentation reposant sur les faits plutôt que sur une accumulation de préjugés, alors, il y a nouvelle défaite en rase campagne : celle du rationalisme.
Pour ne prendre qu’un exemple, selon le rapport universitaire Chojnicki pour le ministère des Affaires sociales, les immigrés reçoivent de l’État 48 milliards d’euros mais lui en reversent 60, soit un solde positif de 12 milliards d’euros. Il est donc factuellement faux – autrement dit faux – de dénoncer le coût de l’immigration pour notre pays.
L’immigré communautariste, un péril fantasmé
S’il faut prendre un autre exemple, selon l’Observatoire des inégalités, une personne de nationalité marocaine, dont le nom et le prénom sont à consonance marocaine, doit déposer en moyenne 277 CV avant d’obtenir une proposition d’entretien d’embauche pour un poste de comptable, tandis qu’une personne de nationalité française dont le nom et le prénom sont à consonance française doit en déposer en moyenne 19, soit 14 fois moins.
Il est donc factuellement faux – autrement dit, faux – de dénoncer une propension des immigrés à refuser de travailler et à être plus touchés par le chômage pour cette raison, alors que cette propension s’explique par la discrimination à l’embauche.
L’écrasante majorité des immigrés ne pose rigoureusement aucun problème d’insécurité, de délinquance ou de criminalité. L’écrasante majorité des immigrés ne coûte rien aux finances publiques et leur rapporte : elle exerce un emploi, paye ses impôts, paye ses cotisations. L’écrasante majorité des immigrés adhère aux valeurs républicaines et, sur la question régulièrement mise en avant de la laïcité, ne se définit elle-même pas par sa religion.
Ce sont là des vérités simples et très faciles à prouver, au contraire du péril fantasmé de l’immigré musulman communautariste, poseur de bombes et égorgeur de moutons qui, à en croire les termes du débat public sur l’immigration depuis plusieurs années, constituerait le profil type des gens que nous accueillons sur notre sol.
Question ouverte à la classe politique : puisque ce sont là des vérités simples et très faciles à prouver, pourquoi ne pas les dire ?
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Au terme de son long exposé, Mr Guénolé a raison sur un seul point : L’opinion, et l’électorat, se « frontisent ».
Les changements de discours de la droite soi-disant de gouvernement, n’y changeront rien, cette droite là a perdu toute sa crédibilité : elle s’avère menteuse, tricheuse, corrompue par le pouvoir, clientéliste, vendue aux puissances financières, à l’identique de la gauche avec qui elle partage le pouvoir depuis la démission du Général De Gaulle, en 1969, bientôt 45 ans. Et les diverses rodomontades des Sarkozy, Guéant, Buisson, Copé et Cie, dans le seul but de capter un électorat en train de leur échapper n’y changeront rien.
Le premier successeur de De Gaulle fut un banquier, ne l’oublions pas, qui faisait son boulot de premier ministre sous le contrôle du général, et qui, devenu président sans contrôle, a eu vite fait de mettre en route la loi de 1973, interdisant à l’Etat de se financer à auprès de la Banque de France, et l’obligeant à aller quémander auprès des marchés financiers contre intérêts et à la botte des agences de notation, elles mêmes corrompues comme la suite nous l’a démontré (une d’entre elles est convoquée par ailleurs devant la justice américaine).
Cette droite là n’a plus aucune valeur morale, et le PS n’est pas mieux considéré, tous se sont réunis pour voter en Congrès à Versailles le traité de Lisbonne, bien que nommé différemment, contre la volonté d’une majorité de Français qui l’avaient rejeté par référendum. Pour que cette droite là se revendique du Gaullisme, il eusse fallu à tout le moins que Sarkozy démissionnât après cet échec.
Sur ce sujet de l’immigration Mr Guénolé invente un amalgame qui n’a pas lieu d’être, parce que c’est la réalité qui se porte en contradiction. Il y a en effet véritablement une relation de cause à effet entre immigration et islamisation, comme il y a une relation de cause à effet entre l’immigration et l’augmentation de l’insécurité.
D’une part la réalité montre que c’est l’augmentation de la population d’immigrés, souvent analphabètes dans sa propre langue, qui est la cause de la montée de l’incivisme et plus grave de la délinquance, parce qu’on peut constater la surreprésentation de cette population dans nos prisons, avec par ailleurs la revendication d’être visités par des imams, sans compter ceux qui sont condamnés et qui n’y vont pas.
D’autre part l’islam s’exhibe, revendique et tente de nous imposer son propre mode de vie, la sharia : prières dans la rue, construction de mosquées et de minarets, mariages polygames, tribunaux de quartier, abaissement de la condition féminine avec l’obligation au mieux de porter le voile, au pire le tchador ou la burka. Les revendications continuent dans les cantines, pour des heures d’ouverture des piscines réservées aux femmes, pour les tenues de bain. Effectivement, les musulmans égorgent les animaux, tournés vers la Mecque, parfois dans la rue. Ces viandes envahissent les rayons des supermarchés sans information des consommateurs, qui paient ainsi en toute ignorance un impôt religieux. Cette liste n’est pas exhaustive. Oui cet islam nous encombre.
Mr Guénolé les prétend respectueux des lois de notre République. Pourtant l’immense majorité des tunisiens vivant en France a voté pour le parti islamiste, Ennahda, aux élections en Tunisie. Et dans des temps pas si anciens que cela, le FLN trouvait de solides appuis dans la population algérienne qui vivait en France. Vous me direz, le FLN trouvait aussi des portes valises à la CGT, au parti communiste entre autres, au détriment de la vie de nos soldats majoritairement « appelés » qui combattaient dans les bleds.
De plus, sujet évité par l’auteur, il y a un problème avec l’immigration qui tire les salaires à la baisse, et d’autre part les français ont bien compris qu’au rythme imposé, c’est une véritable substitution de population qui est en train d’avoir lieu. Les Français ne se sentent plus chez eux, et bientôt ils n’y seront plus.
Venons en maintenant à votre description de la droite :
- Vous vous trompez, toute la droite est libérale. Et c’est en cela qu’elle se rapproche le plus de la gauche, ce qui ne trompe plus grand monde par ailleurs. Et on devrait ajouter mondialiste. Que ne nous a-t-on abreuvé du « nouvel ordre mondial » ! Quel politique n’y est pas allé de son petit couplet ?
Et ceux qui au fond d’eux même ne le seraient pas, ne l’expriment pas, trop couards et effrayés qu’ils sont de perdre leur investiture par le parti.
- Les néo gaullistes ne sont que des faux nez, dont De Gaulle n’aurait pas voulu dans son personnel, même pour nettoyer les parquets. Ils ont trahi toute les valeurs de la France et en particulier abandonné sa souveraineté.
- Le rejet viscéral de la gauche n’est opérant que pour la conquête des postes et du pouvoir, et vice versa. Sinon, sur le reste, sur l’essentiel hormis les questions sociétales, ils sont pratiquement toujours d’accord.
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- Le secteur privé contre le secteur public inefficace : l’intention est seulement de diminuer le poids de l’Etat, quel que soit le prix : rappelons nous les autoroutes, bien collectif payé par les contribuables et vendu malgré tout. Certes, cela est valable pour le ramassage des ordures ménagères ou l’entretien des jardins. Mais que penser de la séparation du rail et des matériels roulants ? Il y a des services qui doivent être maintenus dans le giron de l’Etat : ceux dits stratégiques, ceux qui se trouveraient en situation de monopole, ceux qui sont les outils de la solidarité, de la sécurité et de la justice, et enfin le droit de battre monnaie, afin de protéger les citoyens des abus économiques et financiers des uns ou des autres : « la main qui donne est toujours au dessus de la main qui reçoit ».
Cette droite là, sur tous ces sujets, est complètement disqualifiée. Quand à la droite morale et sécuritaire, j’ai bien compris que vous aviez voulu nous faire rire, scandales et statistiques venant porter à l’une et à l’autre une contradiction définitive.
De Jean Bodin à Charles de Gaulle, il nous avait fallu 15 siècles et nombre de révolutions et de guerres pour en arriver à la Constitution de la Vème République de 1958, détruite en 45 ans de pouvoir partagé UMP et PS/PC. Le Général avait raison de haïr la République des partis. Hélas, beaucoup de Français ne savent pas qui était ce vieux monsieur qui avait une certaine idée de la France éternelle, celle qui transcendait les générations, leur accrochait les pieds dans la terre et la tête dans les étoiles.
A tout les thèmes du Front National, l’opinion adhère de plus en plus, parce que les masques tombent. La désinformation n’est plus aussi facile grâce à internet, ou tout un chacun peut aller chercher l’information qu’il ne trouve plus dans les grands medias. Dans cette période de crise, ils se rendent compte qu’ils ont un nouveau besoin de connaissance et ils vont la chercher. Même les discussions de bistrot, comme on dit, y gagnent en qualité.
Venons en maintenant au chapitre sur le rationalisme, c’est à mon goût le plus drôle. En appeler au rapport du Prof. Chojnicki, auquel personne n’ose se référer tant il est biaisé, c’est un sacré culot, quand on a lu « les Yeux Grand Fermés » de Mme Triballat, ou les monographies de Jean Paul Gourevitch sur le site « le cri du contribuable ». Et puis pourquoi tant de secrets autour de cette question ? Pourquoi est-il aussi difficile d’obtenir des chiffres, des statistiques contrôlables ?
Le grand problème de l’étude de Chojicki c’est qu’il ne tient aucun compte des coûts annexes à l’immigration : retraite pour les vieux qui arrivent au nom du regroupement familial, rien sur l’immigration clandestine, rien non plus sur les coûts sociétaux de police et justice, rien sur ceux de la délinquance, les trafics divers et variés dans les banlieues, l’économie informelle diraient certains, les coûts de l’éducation, l’ AME, etc… et pour finir l’arrivée de la dépranocytoze et plus grave le retour de la tuberculose.
Et puis, quand on se présente devant un organisme social ou un pole pour l’emploi, qui voyons nous, que constatons-nous ?
Les Français ont des yeux pour voir, même ce qu’on voudrait leur cacher.
Et si les immigrés ont besoin d’envoyer 277 CV pour un emploi, c’est juste le signe qui montre que les Français majoritairement n’en veulent plus, mais aussi que ce sont des gens sans aucune qualification pour l’essentiel.
Il est clair que le seuil de tolérance est dépassé depuis longtemps.
Il ne s’agit pas d’une droitisation, mais d’une frontisation effectivement, mais en un sens que Mr Guénolé n’a pas appréhendé, celui d’électeurs se moquant des consignes des partis, lassés par 40 ans de social clientélisme, d’inefficacité dans la gestion de l’ Etat, et de laisser aller général d’une classe politique complètement démonétisée.
Je rencontre de plus en plus de gens qui me disent : « On a tout essayé, de la gauche à la droite. Pourquoi pas le Front National ? »
Et puisque, Mr Guénolé, vous avez des vérités simples et faciles à prouver, et bien prouvez les, qu’on en discute